Sensibiliser les dirigeants des PME sur le rôle de l'audit interne

Sensibiliser les dirigeants des PME sur le rôle de l'audit interne

L’audit interne au Sénégal (et Afrique francophone ?)
Le mois de mai est le mois consacré à l’audit interne par l’IIA (l’Institut d’Audit Interne), l’occasion de revenir sur le rôle de cet acteur important dans la vie de l’entreprise et comment cette fonction est exercée au Sénégal (et certainement dans d’autres pays).

L’audit interne : c’est quoi ?
L’IIA définit l’audit interne comme une fonction indépendante et objective, destinée à donner une assurance raisonnable sur le degré de maitrise des opérations grâce à une approche systématique et méthodique.
L’audit interne est régi par des normes, un cadre et un code de déontologie. La fonction doit être indépendante et disposer de compétences, d’atouts et de moyens nécessaires à l’exécution de ses fonctions. Il est conseiller de l’entreprise à tous les niveaux : gouvernance, gestion des risques, contrôle interne, conformité…
Notre expérience d’accompagnement à la mise en place de fonctions d’audit interne, de formation, de réalisation de missions (sous-traitance ou co-traitance) et la lecture des annonces de recrutement d’auditeur interne m’amène à la conclusion que la fonction reste quand même méconnue.
Comment le métier est exercé au Sénégal (notre expérience)
Nous distinguerons quatre types (comme le modèle des trois lignes) d’entités :
  1. Les entreprises multinationales
Il s’agit d’entreprise multinationale qui dispose d’une forte culture de contrôle et d’audit interne. Les fonctions d’audit interne sont exercées au niveau groupe et des auditeurs internes peuvent exister dans les filiales. Les fonctions d’audit dans les filiales bénéficient du support du groupe et sont relativement indépendants. Un comité d’audit peut exister. Les difficultés rencontrées en général portent sur le suivi des recommandations et des plans d’action, l’absence d’outils d’analyse de données ou de conduite de missions d’audit…
  1. Les entreprises du secteur réglementé (banque, assurance…)
La BCEAO et la Commission Bancaire de l’UMOA ont règlementé les fonctions d’audit interne, de gestionnaire des risques et de responsable conformité dans la circulaire N°04-2017/CB/C. Les définitions, rôles et pratiques sont fortement inspirées du référentiel COSO et de Bale. Les fonctions font l’objet de surveillance pour assurer notamment leur indépendance. Les difficultés rencontrées en général portent sur le suivi des recommandations et des plans d’action, l’absence d’outils d’analyse de données ou de conduite de missions d’audit…
  1. Les établissements publics
La fonction d’audit interne est souvent prévue dans les textes de loi qui créent l’établissement public ou l’agence de l’Etat. Il arrive qu’elle soit cumulée à la fonction Contrôle de gestion pour être une Cellule d’Audit et Contrôle de Gestion. Une tendance à la séparation commence toutefois à voir le jour ; la fonction est cumulée en cas de déficit de personnel.
Les auditeurs internes dans ces structures sont souvent confrontés à une méconnaissance du rôle de l’audit interne ; elle est encore assimilée à une fonction de contrôle (sens policier du terme). Les auditeurs réalisent peu de mission et la cartographie des risques n’est pas encore élaborée ; ils se débrouillent comme ils peuvent. Il y’a un travail important de sensibilisation du management et de la gouvernance (conseil d’administration) pour expliquer le rôle de l’auditeur interne.
  1. Les PME
C’est là où le bat blesse. Les PME sénégalaises, véritables poumons de l’économie sont parfois conscients de l’importance de la fonction mais elle est comprise parfois comme une fonction ‘police’. L’audit interne est souvent mélangé au contrôle interne ou parfois avec un rôle de ‘contrôle de gestion’.
Nous voyons souvent dans les annonces d’emploi, des descriptions de poste mélangeant audit interne, contrôle, gestion, contrôle permanent…
L’objectif du chef d’entreprise, qui a le mérite quand même de mettre en place la fonction, est de ‘surveiller’, ‘contrôler’, ‘sanctionner’. De ce fait, l’auditeur interne peut se noyer rapidement dans des tâches opérationnelles ne relevant pas de l’audit. Nous rencontrons souvent des auditeurs internes qui n’ont pas de plan d’audit, qui réalisent les missions suivant les desiderata du PDG. Les risques ne sont pas forcément identifiés pour permettre une approche pragmatique.
L’auditeur interne, s’il dispose de compétence nécessaire, doit, sans avoir peur de se faire virer, rappeler au dirigeant le rôle de l’auditeur interne et mettre en place les outils et procédures pour le déroulement de sa mission : charte d’audit, manuel d’audit, cartographie des risques (par les opérationnels) et dispositif de contrôle (à réaliser par les opérationnels)

Il doit également disposer de moyens nécessaires à l’exécution de sa mission, preuve d’indépendance. L’auditeur interne ne doit pas non plus se mettre sur un piédestal par rapport aux autres fonctions ; il est là pour aider l’entreprise à atteindre ses objectifs à travers des conseils et audit indépendants et objectifs. Nous rencontrons souvent des auditeurs qui se réfugient derrière l’indépendance et limiter leur intervention. Il faut savoir se mouiller quand même pour la survie de l’entreprise.

L’audit interne est une fonction en pleine mutation, nécessitant des compétences transversales (soft skills) et une certaine agilité dans la manière de fonctionner. Il doit pouvoir se remettre en question régulière et être là pour ses clients internes.

Et vous, quelle est votre expérience dans vos fonctions d’audit interne ?
 
A propos
Moore Sénégal accompagne depuis 15 ans les services d’audit interne de grandes et moyennes entreprises en mettant à disposition les compétences acquises auprès de grands groupes et des outils performants pour la conduite des missions d’audit, respectant l’approche par les risques (charte, manuel d’audit, outils de travail…)